Élevé entre la fin du ixe et la première moitié du xe siècle au cœur du delta de la Kāvēri du pays tamoul, en l’honneur du « grand dieu de Tirukkaṭaimuṭi », le temple shivaïte de Tirucceṉṉampūṇṭi constitue l’assise de cet ouvrage. Maintenant abandonné, ce temple est l’un des exemples les plus anciens d’un art dit Cōḻa. L’analyse conduit à proposer qu’il fut construit en l’honneur d’une des divinités shivaïtes chantées dans l’anthologie poétique des premiers hymnes à Śiva du pays tamoul, le Tēvāram (VIIe-IXe siècles). La difficulté à cerner l’identité du plus important des patrons du temple, la reine Pallava Māṟampāvai, répond à la complexité d’un site où s’entrelacent différents corpus, poèmes, épigraphes, sculptures, monuments Pallava et manifestations artistiques de la période cōḻa. Tirucceṉṉampūṇṭi est ainsi exploré à travers trois directions de recherche principales : il s’agit de définir l’art Cōḻa en reconnaissant la contribution des temples royaux des Pallava et en s’interrogeant sur l’usage des labels dynastiques, d’explorer la relation entre le monde des textes et celui de l’archéologie à l’aide de deux corpus précis, l’un iconographique, l’autre épigraphique et, enfin, d’examiner la relation entre royal et local pour ce qui concerne le phénomène religieux connu sous le nom de "Bhakti". Femme active dans une région déterminée, se proclamant dans des inscriptions tamoules membre d’une famille des Pallava fameuse pour son épigraphie sanskrite, liée à une communauté de marchands plus qu’aux brahmanes, Māṟampāvai paraît cristalliser les rencontres entre plusieurs mondes. L’univers divin n’est pas le moins complexe d’entre eux : Viṣṇu