La valeur esthétique et éthique reconnue au trait d’esprit dans l’Espagne du Siècle d’or modifia en profondeur les formes de la facétie littéraire ainsi que son statut artistique. Poésie savante et souvent érudite, poésie où l’on rencontre les personnages les plus ridicules mais aussi les héros de la mythologie, poésie où la facétie paraît parfois le disputer à la réflexion contenue, le burlesque doit surprendre un lecteur invité à relever le défi interprétatif lancé par le poète. Les mille détours empruntés pour formuler le bon mot sont autant d’énigmes offertes à la sagacité du lecteur et à sa complicité. Laisser entendre sans tout à fait dire, laisser entrevoir sans montrer directement, surprendre par l’obscénité du trait ou sa profondeur constituent autant d’objectifs assignés aux poètes burlesques du xviie siècle. Il existe dans leurs oeuvres un ensemble cohérent de procédés qui constituent une véritable poétique, que cet ouvrage entreprend d’établir et d’interpréter.