Benoît, ce n’est pas vraiment un mauvais bougre. C’est même un grand naïf, un naïf de quarante ans, mais un naïf tout de même. Qui plus est, Benoît a fait des bêtises, de grosses bêtises. Aussi, quand son contrôleur judiciaire, lui trouve un boulot dans la boucherie des Chambont, le pire bouclard en ville, Benoît dit oui, sans discuter. Après tout, il est temps pour lui d’exercer en professionnel son talent pour le couteau. Sauf que chassez le naturel et il revient au grand galop. Un galop si grand que Benoît va se retrouver dans une spirale infernale qui va le conduire jusqu’à un Paradis qu’il ne soupçonne même pas, quelque part en Syrie. Entre-temps, il aura eu le temps d’assouvir les envies lubriques de la mère Chambont et de zigouiller le père Chambont, de faire un petit séjour éclair mais ensanglanté au 36 quai des Orfèvres, de fricoter avec les fonctionnaires de Pôle Emploi, de changer de religion et de se marier avec la belle Dounia entre deux Big Mac. Si ce roman ne redonnera pas le goût du sang aux végétariens, il attendrira peut-être les vieilles carnes, et, vu le nombre de prophètes de tout poil et autres apprentis messies que l’on y croise, il redonnera peut-être de la moelle aux moribonds. Un roman drôle, tranchant et surtout bien ficelé, comme un beau rôti de la boucherie Chambont.
