Ni philosophe du sujet ni philosophe du moi, Spinoza, on le sait, n'accorde pas à l'homme le statut de substance, mais de mode. Cette désubstantialisation s'accompagne d'une apparente indifférence à l'égard du problème classique de la différence spécifique de l'homme par rapport à l'animal. Dès lors on peut s'interroger sur l'étrange silence de l'Éthique au sujet d'une définition précise de l'essence humaine. À rebours des commentateurs qui ont essayé de reconstituer cette définition à partir des indications de l'auteur, Julien Busse cherche de manière originale à comprendre les raisons pour lesquelles Spinoza n'a pas jugé bon d'en fournir une. Plutôt que la présence, il pense l'absence de définition de l'essence humaine pour montrer qu'elle ne tient pas à une carence, mais qu'elle obéit à une impossibilité. C'est sur la nécessité de l'absence d'une telle définition que Julien Busse invite à se pencher pour en analyser aussi bien les causes que les effets.