La philosophie hégélienne constitue indéniablement une des sources essentielles de la pensée contemporaine : « Hegel est à l'origine de tout ce qui s'est fait de grand en philosophie depuis un siècle » (M. Merleau-Ponty). De l'œuvre immense du philosophe allemand, une phase était toutefois demeurée, jusqu'il y a peu, dans l'ombre et, sinon entièrement ignorée, du moins mal connue dans son ensemble : la période dite d'Iéna où Hegel séjourna de 1801 à 1807. Prenant conscience de son importance primordiale, les recherches hégéliennes récentes se sont, principalement en Allemagne, attachées à son exploration systématique. C'est dans la mouvance de ce nouvel élan que se situe le présent ouvrage. Axant plus particulièrement sa recherche sur les cinq premières années de cette période essentielle, il poursuit un double but : d'une part, en présenter au public francophone une étude d'ensemble ; d'autre part, montrer qu'il s'agit là d'un moment spécifique et crucial dans la formation de la pensée hégélienne. Ce moment est celui où, après avoir établi, de concert avec Schelling, le concept de la philosophie comme système scientifique de l'absolu, Hegel passe peu à peu, dans son effort pour le réaliser, d'une perspective définie comme critique à la découverte et l'adoption du point de vue dialectique tel que, dans sa structure fondamentale, il gouvernera les grands textes de la maturité. À travers une analyse serrée des principaux écrits de la période concernée, l'ouvrage suit pas à pas les progrès de cette mutation essentielle dont un des axes n'est autre que le passage d'une pensée de la substance absolue à une pensée de l'absolu sujet.