Au cœur de l’actualité, la précarité est souvent médiatiquement présentée, en suivant le discours porté par les pouvoirs politique et économique, comme un mal nécessaire permettant de limiter la croissance du chômage. À la lumière de la longue portée de la critique historique, il apparaît néanmoins essentiel d’infirmer ce discours et d’en souligner les dangers en termes sociaux et politiques. C’est la démonstration qui est faite ici à travers l’exemple de l’édification industrielle du département du Nord. Cette précarité, loin de constituer une innovation, est déjà concomitante du développement du travail salarié au cours de la seconde moitié du xixe siècle. Elle y constitue, en l’absence de protections sensibles, un instrument de pression visant à s’opposer aux prétentions ouvrières ; mais elle est également un déterminant politique de premier ordre qui permet de contraindre le vote des ouvriers et parfois, de donner une expression politique à leur ressentiment et à leur détresse. Ce livre s’adresse à tous ceux qui, conscients des enjeux politiques et sociaux actuels, souhaitent comprendre en quoi la précarité, et l’utilisation qui en est faite, sont centrales dans les constructions démocratiques et républicaines à l’œuvre en France du xixe siècle à nos jours.