Pourquoi la santé, régulièrement qualifiée de « bien public mondial », demeure-t-elle un domaine où les inégalités internationales sont si profondes ? Analyser ce paradoxe constitue l'objectif de cet ouvrage. Au-delà des travaux polémiques ou techniques sur l’accès à la santé, cet essai s’attache d’abord à expliquer les fondements théoriques des biens publics mondiaux et leur application à la santé. Les faiblesses et contradictions de ces fondements théoriques débouchent sur l’ambiguïté de la notion de santé comme bien public mondial et remettent en cause la légitimité de l’agenda de la santé impulsé par les acteurs de l’aide au développement. L’analyse proposée ici se démarque également en étudiant la façon dont les normes internationales ont abouti à des programmes de santé, dits coopératifs, aux effets mitigés sur les terrains africains. Cet ouvrage participe alors aux débats sur le devenir de la santé comme objectif mondial. Il s’inscrit résolument dans une approche d’économie politique de la santé et du développement, étudiant les processus de production de la santé, traversés par des rapports de forces qui n’ont rien à voir avec un quelconque optimum technique. Les acteurs dominants – firmes, organisations internationales, think tanks – façonnent en effet les modes de pensée et les programmes. Ce livre s’adresse aux spécialistes de la santé et du développement mais également aux acteurs de terrain – ONG, professionnels de santé – et aux lecteurs intéressés par la santé comme enjeu de solidarité internationale.