Al Faucet est à la poésie ce que les troubadours furent à la composition en vers : un « découvreur » de tropes, ces textes poétiques trouvés et ajoutés sur des mélodies préexistantes du chant grégorien, qui fut le point de départ de l'invention poétique médiévale. Pour sa part, Al Faucet chante plutôt depuis l’Antiquité en poétisant avec Homère, Xénophon, Hérodote, Virgile comme avec tant d’autres, parfois des plus contemporains - Calvino, Desbiolles ou encore Krasznahorkai (dont les œuvres sont régulièrement immortalisées par de très longs films de Béla Tarr) - pour nous emporter dans une phrase, une très longue phrase leitmotivée et qui résonne, de la raison comme de l’écho, à travers les péripéties d’Alexandre, héraut d’Alexandrie et de l’Hérault. C’est ainsi que depuis l’Occitanie, à Sète, où il a lui-même fini par s’encrer dans l’écriture et la peinture, Al Faucet nous donne à lire cette Longue Phrase comme il y a eu la « Longue Marche », ce cut-up ressassé, cette espèce de Poetriae Novae qui « des passés se dépasse, s’ourle, s’outre jusqu’aux présents futurs » pour évoquer la vie, la mort, le chaos, l’inquiétude des temps, peut-être même leur fin toujours ressentie comme apocalyptique et à partir de laquelle tout se joue et se rejoue sans fin justement, « comme un violent monochrome, gisant au sol, où se dilatent, se dilacèrent en traits cascadés, saccadés les atomes pigmentés du clinamen ».
Texte accompagné de plusieurs larges extraits d'Enquête de Hérodote.
